Français d'origine marocaine, Mohamed Razane, 37 ans, a été éducateur spécialisé auprès des jeunes en difficulté. Aujourd'hui chômeur et écrivain vivant en Seine-Saint-Denis, il a choisit d'écrire sur la banlieue avec son premier roman Dit violent.
"2006, la banlieue entre en littérature" écrit Elsa Vigoureux dans le nouvel obs. Un phénomène qui mérite de l'attention selon moi.
Mohamed Razane fait parti de ces auteurs issus de l'immigration mais nés en France qui prennent la plume pour mettre en pièce les idées reçues.
On peut faire référence à Ahmed Djouder avec sa Désintégration mais aussi à Karim Amellal avec ses Cités à comparaître.
En tout cas si la curiosité vous pique, profitez des vacances pour découvrir cette "nouvelle vague littéraire".
"Le jeune Mehdi est champion de boxe thaïe d’Ile-de-France. Il vit, ou plutôt survit, en banlieue avec sa mère, femme de ménage dans des bureaux à la Défense. Le père est mort, assassiné par son fils qui ne supportait plus cet homme fermé, méprisant et violent. Mehdi ne fait rien de ses journées, il fume du haschich et traîne avec son ami Zacarias. “Je suis de ces enfants abîmés, blessés par la vie. On m’a volé mon enfance et mon avenir, et personne ne peut me les rendre.” Il rumine sa haine et fulmine contre une société qui exclut les plus faibles. Mais à force, il est devenu boule de violence prête à exploser, dangereux car n’ayant plus rien à perdre. Au milieu de toute cette noirceur, seule Marie, “[sa] douce, [son] absente, [son] absinthe”, professeur de sociologie, apporte un peu de tendresse. Loin des personnages figés ou caricaturaux, Mohamed Razane a su donner à son antihéros la profondeur d’un vrai caractère. Avec sa “bestiole dans la tête qui [lui] bouffe le cerveau”, Mehdi a tout du schizophrène : tantôt brute haineuse, déterminée et ultra-violente, en actes comme en paroles, tantôt animal lucide et doux qui voudrait être capable de réclamer de l’amour. Sa souffrance le rend attachant. “J’ai l’espoir qu’une autre vie puisse naître de cette colère.” Le style est cru mais soigné, le rythme efficace et la narration installe une tension qui ne cesse de croître. Mehdi s’est procuré une Kalachnikov. Héros tragique, Mehdi pourra-t-il échapper à son destin ?"
Dans ce livre "Le verbe est parfois dur car il nous plonge au cœur de souffrances que l’on n’a pas forcément envie d’entendre. Le but est d’interpeller le lecteur pour ne plus se contenter de formules creuses et démagogiques telles que « sauvageons, racaille à nettoyer au karcher », tant il est dangereux de se rassurer à entendre des discours sécuritaires qui ne feront qu’aggraver les choses. Le but est de véritablement explorer le processus qui pousse des gamins à poser des actes délictueux et violents. Faire l’économie de cette compréhension c’est accepter délibérément que cette violence se développe. Je ne suis pas un partisan pour autant des discours « victimaires », car tout délit doit être puni par loi. Mon discours est qu’on ne peut se contenter de cela, il est impératif d’explorer les facteurs qui participent de ce processus pour mieux le combattre par la prévention et ainsi éviter que demain ne soit pire qu’aujourd’hui." Mohamed Razane.
Merci,
La chroniqueuse