Dans cette étude sur les violences et les relations police-population dans le "9-3" on y trouve un "climat d'insécurité permanent entre la police et les habitants des quartiers sensibles" et des "relations difficiles et empreintes de tensions évidentes". Dans ce travail finalisé en décembre 2006, la mission d'étude de l'Inhes souligne une "déferlante de violence" avec un "nombre croissant de mineurs" mis en cause dans la délinquance. Le plus inquiètant reste ce que le rapport appelle une "dégradation", voire "parfois une césure" entre la police et la population.
Selon les experts de l'Inhes, l'état réel de la délinquance "révèle une face cachée significative d'un profond malaise". La Seine-Saint-Denis se trouve être dans une situation de "marginalisation croissante" sur le plan économique et social. Ils demandent en conséquence de "prendre en compte le contexte dans lequel vivent" les habitants du département et préconisent de "renouer les liens avec la population des quartiers" et "réorganiser le travail de la police et de ses techniques d'intervention".
Ce qui signifie donc une remise en question de la politique menée depuis les cinq dernières années.
Cependant, la majorité présidentielle ne se laisse pas abattre et se défend. Le maire de Montfermeil, Xavier Lemoine (souvenez-vous celui qui voulait limiter les groupes de jeunes qui circulent dans sa commune au nombre de trois maximum!) affirme que la responsabilité de cette situation incombe à la justice qui a perdu de son crédit : "La délinquance est devenue sans risque. Des jeunes ont été interpellés, parfois plusieurs dizaines de fois, et remis en liberté sans être inquiétés."
Pas de panique, Mme Dati est là à présent, et plus rien ne sera pareil...
Patrick Devedjian a trouvé un autre bouc-émissaire de choix: "C'est parce que (ce département) était géré par le Parti communiste", a-t-il assuré, ajoutant que "les communistes ont ancré les gens dans la misère parce que c'était aussi une manière pour eux d'asseoir leur pouvoir politique".
"Nous avons beaucoup de gens en difficultés dans nos villes mais ce ne sont pas les communistes qui ont mis les gens au chômage !" a judicieusement fait remarquer Stéphane Gatignon, maire communiste de Sevran, qui a aussi émis le souhait d'un débat sur la répartition des logements sociaux en Ile-de-France.
"une situation dégradée depuis trop longtemps entre la police et les jeunes. Il faut revoir la qualité d'intervention de la police, et notamment de la BAC qui est devenue une police des banlieues. Nous avons besoin d'une police présente pas de police d'exception". Didier Paillard, maire communiste de Saint-Denis.
La députée PS de Seine-Saint-Denis Elisabeth Guigou a demandé lundi au gouvernement de prendre "six engagements pour réduire la délinquance en Seine-Saint-Denis". Elle suggère la création d'une "police des quartiers", un commissariat dans chaque ville, la fin des instructions demandant de "faire du chiffre", l'augmentation des moyens accordés au tribunal de Bobigny et aux éducateurs, une maison de la justice et du droit pour 50 000 habitants, et enfin une mesure qualifiée de "symbolique" : "l'interdiction du tutoiement" de leurs interlocuteurs par les policiers.
En tout cas, la nouvelle ministre de l'intérieur Michèle Alliot-Marie a décidé de prendre les choses en main, enfin c'est ce qu'elle tente de laisser paraître, un autre nous avait promis la même chose...
Le discours reste ultra sécuritaire, les leçons ne sont pas apprises!
"J'ai demandé à ce qu'une réunion puisse être tenue dans les 48 heures avec les principaux responsables des problèmes de police dans le département"
Elle a jugé "nécessaire qu'il puisse y avoir davantage de policiers plus anciens (pour) avoir une certaine histoire, une certaine appréciation dans la durée de ce que sont les problématiques, les personnes".
Elle rejette le principe d'une police de proximité, car la police n'est "pas là pour jouer au foot avec un certain nombre de jeunes" mais pour "poursuivre les délinquants".
On est loin du bilan et surtout d'une quête réelle de solutions pour les problèmes qui touchent la Seine-Saint-Denis.
Merci,
La chroniqueuse